Sur Neveldine / Taylor [en cours]

Les films de Nevledine / Taylor me laissent le même sentiment que ce clip de Lady Gaga, Telephone, réalisé par Jonas Åkerlund.
On oscille entre caricature et continuité d'un genre donné ; le clip de musique pop dans le cas de Telephone, le cinéma d'action pour les films de Neveldine / Taylor.
Un glissement par moment presque imperceptible. Un désaxage, comme la Terre dans Southland Tales de Rihard Kelly, film dont le clip de Lady Gaga semble s'être échappé, séquence partie contaminer le réel.
Une inflation boulimique des codes jusqu'au ridicule, jusqu'à l'écoeurement volontaire.
Une frénésie cathartique de signaux.
Ainsi dans Crank 1 et 2, le héros est condamné à l'action s'il veut survivre. Sans arrêt, il doit se provoquer des poussées d'adrénaline. Course désespérée qui n'est pas sans rappeler l'astucieux Speed de Jan de Bont.
Le champ-contrechamp n'est pas assez rapide pour suivre le rythme ; split screens et même incrustation du médecin qui dialogue par téléphone avec Chev Chelios sur un des murs du couloir qu'il traverse en courant.
Caricatures moqueuses du cinéma d'action ou instances ultimes, décomplexées, qui cherchent à repousser à grands coups de tête les parois d'un genre ?
Les deux me vont.
La pauvreté et la vulgarité plastiques assumées qui, une fois le regard apprivoisé, sonnent baroque.
Les castings : Nicolas Cage, Gerard Butler, Jason Statham ; l'outrance, l'excès comme nouvelle norme du jeu, le cri comme posture, dialogue ultimes.
Et la Californie toujours, temple de l'hyperréalité de Baudrillard. Los Angeles, ville pornographique, sans bornes, qui s'étend comme un cancer, autocontaminée.
Chev Chelios la parcoure à la manière du jeu vidéo Grand Theft Auto, vols de véhicules compris.
Les jeux vidéo comme nouvelle frontière du cinéma ; dans Gamer, tout se mélange ; télé, jeux, réel... une orgie de spectaculaire ; du sang et du sexe.
Plus que du sexe en fait, du porno. Dans Crank, Chev Chelios prend sa copine dans la rue sous les regards des touristes avides, illustration moqueuse du spectateur actuel.
Tout montrer, jusqu'au délavement de la représentation.
Tout dévoiler, creuser jusqu'aux boyaux, tout voir jusqu'à en vomir ses tripes, expurger, se laver de la junk food ingurgitée ; eucharistie du spectacle et du spectateur, transsubstantiation d'un boyau l'autre.
 Une image qui résume tout leur cinéma : dans Crank 2, lors d'un gun fight, une stripteaseuse prend des balles dans la poitrine, le silicone en jaillit à la place du sang.