A travers trois films, Signes (2002 - Signs) de M. Night Shyamalan, La Guerre Des Mondes (2005 - War Of The Worlds) de Steven Spielberg et Cloverfield (2008) de Matt Reeves et produit par J.J. Abrams et Bryan Burk, s'esquisse une nouvelle imagerie du block-buster américain, portée à la fois par l'arrivée progressive du numérique dans le cinéma et par les attentats du 11 septembre (et leur cortège d'images amateurs) qui ont fait émerger une nouvelle vision du spectaculaire dans l'inconscient collectif américain, aboutissant chez les cinéastes à une redéfinition des conventions esthétiques propres au genre.
Signes tranche avec le modèle du block-buster hollywoodien ; en décidant de restreindre sa narration au seul point de vue d'une famille, Shyamalan poursuit logiquement une filmographie marquée par une sobriété visuelle dont le point d'orgue est sûrement Phénomènes (2008 - The Happening).
Évitant le "point de vue de Dieu", il opte pour une mise en scène où le spectaculaire ne découle plus d'une avalanche souvent stérile d'effets spéciaux marquée voire traumatisée par l'avènement des jeux-vidéos.
Ici, il est amené par des crop-circles dans un paysage fermé par les champs de maïs, statiques et évoquant une imagerie tribale ancestrale, et des images de télévision dont le cadre occupe une place réduite à l'intérieur du cadre même du film, images légèrement parasitées, imprécises et dont le grain vidéo contraste avec celui de la pellicule.
Les envahisseurs, insaisissables dans leur totalité, se dévoilent petit-à-petit (images amateurs fugaces sur l'écran de télévision, jambes, mains), semant d'abord dans l'esprit du spectateur un doute légitime quant à la véracité de l'invasion - en jouant notamment sur la méfiance grandissante qu'entretient ce même spectateur vis-à-vis des images télévisuelles - pour apparaître finalement au travers d'un reflet dans une télévision éteinte (...), filmée en gros plan.
Le film dénote aussi par une fin riche en significations mais dont on soulignera seulement l'aspect anti-spectaculaire (les envahisseurs qui ne supportent pas l'eau, sont en quelques sortes rejetés par la planète).
On pense ainsi immanquablement à Signes en voyant La Guerre Des Mondes, même choix de point de vue restreint à celui d'une famille (télévisions, ...), même fin anti-spectaculaire et narrativement déroutante.
Il serait tronqué de ne voir le film que sous cet angle, tant d'autres apparaissent en le replaçant dans son contexte géo-politique ou dans la filmographie de son auteur, néanmoins une même ambition coule dans ses deux films, offrir une remise en cause et une alternative au courant hollywoodien commercial.
Cloverfield, recyclage assumé des images du 11 septembre, peut apparaître comme une habile variation où les bases posées précédemment sont digérées pour aboutir à une esthétique numérique à proprement parler, qui de Mann à Romero ou De Palma, commence à trouver sa place en fouillant le rapport confus qu'entretient le cinéma avec les médias numériques.
Signes tranche avec le modèle du block-buster hollywoodien ; en décidant de restreindre sa narration au seul point de vue d'une famille, Shyamalan poursuit logiquement une filmographie marquée par une sobriété visuelle dont le point d'orgue est sûrement Phénomènes (2008 - The Happening).
Évitant le "point de vue de Dieu", il opte pour une mise en scène où le spectaculaire ne découle plus d'une avalanche souvent stérile d'effets spéciaux marquée voire traumatisée par l'avènement des jeux-vidéos.
Ici, il est amené par des crop-circles dans un paysage fermé par les champs de maïs, statiques et évoquant une imagerie tribale ancestrale, et des images de télévision dont le cadre occupe une place réduite à l'intérieur du cadre même du film, images légèrement parasitées, imprécises et dont le grain vidéo contraste avec celui de la pellicule.
Les envahisseurs, insaisissables dans leur totalité, se dévoilent petit-à-petit (images amateurs fugaces sur l'écran de télévision, jambes, mains), semant d'abord dans l'esprit du spectateur un doute légitime quant à la véracité de l'invasion - en jouant notamment sur la méfiance grandissante qu'entretient ce même spectateur vis-à-vis des images télévisuelles - pour apparaître finalement au travers d'un reflet dans une télévision éteinte (...), filmée en gros plan.
Le film dénote aussi par une fin riche en significations mais dont on soulignera seulement l'aspect anti-spectaculaire (les envahisseurs qui ne supportent pas l'eau, sont en quelques sortes rejetés par la planète).
On pense ainsi immanquablement à Signes en voyant La Guerre Des Mondes, même choix de point de vue restreint à celui d'une famille (télévisions, ...), même fin anti-spectaculaire et narrativement déroutante.
Il serait tronqué de ne voir le film que sous cet angle, tant d'autres apparaissent en le replaçant dans son contexte géo-politique ou dans la filmographie de son auteur, néanmoins une même ambition coule dans ses deux films, offrir une remise en cause et une alternative au courant hollywoodien commercial.
Cloverfield, recyclage assumé des images du 11 septembre, peut apparaître comme une habile variation où les bases posées précédemment sont digérées pour aboutir à une esthétique numérique à proprement parler, qui de Mann à Romero ou De Palma, commence à trouver sa place en fouillant le rapport confus qu'entretient le cinéma avec les médias numériques.