Exemple de ce que peut permettre la liberté artistique d'une série B (une liberté de marge, qui avance masquée, souvent moins exposée et bridée que celle d'une série A), The Mist (2007 - Stephen King's The Mist) est une nouvelle adaptation de Stephen King par Frank Darabont et son film le plus ambitieux et riche de par les thèmes abordés ... un portrait de l'Amérique d'une noirceur peu commune chez ce réalisateur, lui offrant un miroir sans concession et qui reflète autant les conséquences de sa politique extérieure que l'étrange passivité qui a suivie l'ouragan Katrina ou encore l'avènement d'un fanatisme religieux des plus obscurs.
L'action se situe dans un supermarché, un des rares lieux où se mélange encore toutes les catégories sociales de l'Amérique et représentation symbolique de ce pays.
Entourés par une brume épaisse renfermant des créatures horrifiques, une multitude de personnages se trouvent contraints de rester ensemble, à l'intérieur de cet espace clos, faisant éclater les dissensions et un racisme de classe dissimulés en temps normal sous des conventions sociales de façade.
Le film rappelle par certains aspects, La Guerre Des Mondes (2005 - War of the Worlds) de Spielberg, qui offrait lui aussi, avec ses scènes de pillages et d'hystérie collective, une vision incroyablement sombre d'une Amérique en temps de crise ... dont l'unité précaire ne résistait pas longtemps aux assauts extérieurs ... les humains se révélant être au moins aussi dangereux que les envahisseurs extra-terrestres.
Quelque part, c'est le délitement d'un système où les inégalités se creusent toujours plus qui est stigmatisé et avec lui la perte de certaines valeurs solidaires, censées être les piliers d'une nation dont l'unité s'est forgée dans l'adversité (situation inverse de celle du film) ... une scène nous montre un panorama de visages baissés alors qu'une femme demande de l'aide pour aller sauver ces enfants isolés à l'extérieur.
La disparition de la confiance fragile qu'ont les gens entre eux ... illustrée notamment par le rapport tendu entre Drayton (Thomas Jane) et son voisin Brent Norton (Andre Braugher) que la tempête semblait rapprocher dans un premier temps, avant de les séparer en deux camps opposés.
Le film aborde aussi la montée d'un intégrisme religieux tapi, et qui sait surgir quand l'occasion se présente, à travers le portrait furieux d'une folle de Dieu ... exemple de la violence du propos, la scène où on peut la voir prier dans des toilettes devenus église de fortune.
Bien plus que d'extra-terrestres, le film parle du rapport essentiellement politique entre les gens, fait de frustrations, de tensions, de rivalités latentes propres à se réveiller au moindre bouleversement.
Le caractère manichéen des personnages ajoute à cette charge schématique et sans compromis, tranchante.
Ressort aussi pleinement l'enjeu fondamental du huis-clos, le rapport contraint aux autres, tellement bien énoncé par Sartre avec sa phrase L'enfer, c'est les autres. Le film n'est que l'énième variation (acide) de Boule de suif, matrice d'un genre qui consiste à observer un échantillon représentatif d'une société, enfermé de manière contrainte par un évènement qui servira de révélateur de dissensions indiscernables en temps normal, et qui bien souvent mettra à mal les clichés et les étiquettes que chacun porte.
Même si ici, le brouillard qui entoure le supermarché est autant l'élément qui permet l'isolement des personnages, qu'une métaphore de l'aveuglement constant d'une nation face au monde qui l'entoure.
La fin, hallucinante, qui nous montre brièvement la reconstruction d'une cellule familiale, puis son suicide brutal, désespéré et finalement inutile fini de démontrer la désolation sourde qui habite ce film.
Un des derniers plans montre la femme du début partie seule chercher ses enfants dans la brume, finalement rescapée.
L'action se situe dans un supermarché, un des rares lieux où se mélange encore toutes les catégories sociales de l'Amérique et représentation symbolique de ce pays.
Entourés par une brume épaisse renfermant des créatures horrifiques, une multitude de personnages se trouvent contraints de rester ensemble, à l'intérieur de cet espace clos, faisant éclater les dissensions et un racisme de classe dissimulés en temps normal sous des conventions sociales de façade.
Le film rappelle par certains aspects, La Guerre Des Mondes (2005 - War of the Worlds) de Spielberg, qui offrait lui aussi, avec ses scènes de pillages et d'hystérie collective, une vision incroyablement sombre d'une Amérique en temps de crise ... dont l'unité précaire ne résistait pas longtemps aux assauts extérieurs ... les humains se révélant être au moins aussi dangereux que les envahisseurs extra-terrestres.
Quelque part, c'est le délitement d'un système où les inégalités se creusent toujours plus qui est stigmatisé et avec lui la perte de certaines valeurs solidaires, censées être les piliers d'une nation dont l'unité s'est forgée dans l'adversité (situation inverse de celle du film) ... une scène nous montre un panorama de visages baissés alors qu'une femme demande de l'aide pour aller sauver ces enfants isolés à l'extérieur.
La disparition de la confiance fragile qu'ont les gens entre eux ... illustrée notamment par le rapport tendu entre Drayton (Thomas Jane) et son voisin Brent Norton (Andre Braugher) que la tempête semblait rapprocher dans un premier temps, avant de les séparer en deux camps opposés.
Le film aborde aussi la montée d'un intégrisme religieux tapi, et qui sait surgir quand l'occasion se présente, à travers le portrait furieux d'une folle de Dieu ... exemple de la violence du propos, la scène où on peut la voir prier dans des toilettes devenus église de fortune.
Bien plus que d'extra-terrestres, le film parle du rapport essentiellement politique entre les gens, fait de frustrations, de tensions, de rivalités latentes propres à se réveiller au moindre bouleversement.
Le caractère manichéen des personnages ajoute à cette charge schématique et sans compromis, tranchante.
Ressort aussi pleinement l'enjeu fondamental du huis-clos, le rapport contraint aux autres, tellement bien énoncé par Sartre avec sa phrase L'enfer, c'est les autres. Le film n'est que l'énième variation (acide) de Boule de suif, matrice d'un genre qui consiste à observer un échantillon représentatif d'une société, enfermé de manière contrainte par un évènement qui servira de révélateur de dissensions indiscernables en temps normal, et qui bien souvent mettra à mal les clichés et les étiquettes que chacun porte.
Même si ici, le brouillard qui entoure le supermarché est autant l'élément qui permet l'isolement des personnages, qu'une métaphore de l'aveuglement constant d'une nation face au monde qui l'entoure.
La fin, hallucinante, qui nous montre brièvement la reconstruction d'une cellule familiale, puis son suicide brutal, désespéré et finalement inutile fini de démontrer la désolation sourde qui habite ce film.
Un des derniers plans montre la femme du début partie seule chercher ses enfants dans la brume, finalement rescapée.