Des films réalisés par de vrais auteurs d'un cinéma qui ne renie jamais, ni sa nature spectaculaire, ni sa condition artistique ... de ceux qui réussissent (ou du moins tentent) l'exercice toujours précaire qui consiste à jongler entre le formalisme cinématographique et l'écriture, une recherche narrative qui tient de l'alchimie ... le tout, en subissant les contraintes et pressions inhérentes à cet art, trop évidentes et nombreuses pour qu'on prenne la peine de les rappeler ici.
Néanmoins, la dimension introspective et personnelle (souvent masquée) du cinéma "grand public" tient sûrement un peu de ces pressions multiples auxquelles un auteur doit faire face lors de l'élaboration d'un film, comme un besoin de se raconter au travers d'œuvres aux moyens colossaux, aux intervenants multiples, de se les approprier, dans ce contexte si impersonnel et industriel.
Terry Gilliam, dont la trajectoire n'est pas sans rappeler celle d'Orson Welles (toute proportion gardée), a plus que d'autres, développé cette dimension dans son cinéma.
La répétition du motif jusqu'à l'obsession ... ses films n'ont de cesse de dépeindre la malédiction qui entoure cet illusionniste traqué et toujours occupé à repousser les démons qui l'assaillent et l'observent, vautours ; Brazil, Times Bandits, The Adventures of Baron Munchausen, The Fisher King, Las Vegas Parano ou Brothers Grimm ... chacun à leur manière témoigne de cette course-poursuite incessante entre leur auteur et une certaine réalité, un système, souvent cruels avec lui. On se rappellera aussi du projet avorté et tellement symptomatique, The Man Who Killed Don Quichotte ainsi que de son saisissant témoignage Lost in la Mancha.
Ainsi, The Imaginarium of Doctor Parnassus se regarde comme la suite de ce feuilleton qui tourne de plus en plus au tragique, une suite fauchée, vacillante et un peu fânée, mais surtout, poursuivie plus que jamais par la poisse (voir l'épisode tragique de la mort de Heath Ledger) ... le film n'est pas très bien écrit, patchwork décousu, trop rafistolé pour être digeste ... symbole, les scénettes en images de synthèse avec les trois acteurs remplaçant Ledger, qui sont d'une laideur peu commune, bâclées tant dans leur écriture que dans le travail des textures ... il y a quelque chose de pathétique et profondément touchant à voir ce maître des collages et des effets old-school se noyer dans un flot numérique ... c'est dans ce naufrage que réside la grandeur relative du film ... et dans cette scène finale où le vieux Parnassus recrée finalement un humble théâtre miniature en papier.
Wes Anderson entretient le même rapport intime avec ses films ... la répétition d'un motif personnel, encore et toujours.
La même certitude aussi, que dans cet environnement hostile qu'est le système cinématographique, la fuite est une nécessité.
Là où le vieux docteur Gilliam fuit sur des échasses trop grandes et à l'équilibre précaire, ou sur une carriole vacillante et encombrée de toute une vie, le rusé renard Anderson creuse vite pour échapper aux mêmes démons.
Avec finesse, il dérobe ce dont il a besoin, piochant ici et là de quoi construire son œuvre ... chez lui, il y a toujours ce sentiment confortable de déjà-vu, là où chez d'autres la manœuvre de recyclage tourne souvent putassassière.
Il y a surtout cette même angoisse vis-à-vis de la technologie, celle qui de par les contraintes qu'elle entraîne, s'oppose trop brutalement à leurs aspirations à un cinéma désuet et mélancolique, un cinéma d'essence théâtrale dans lequel on distingue encore de réconfortants rouages.
Néanmoins, la dimension introspective et personnelle (souvent masquée) du cinéma "grand public" tient sûrement un peu de ces pressions multiples auxquelles un auteur doit faire face lors de l'élaboration d'un film, comme un besoin de se raconter au travers d'œuvres aux moyens colossaux, aux intervenants multiples, de se les approprier, dans ce contexte si impersonnel et industriel.
Terry Gilliam, dont la trajectoire n'est pas sans rappeler celle d'Orson Welles (toute proportion gardée), a plus que d'autres, développé cette dimension dans son cinéma.
La répétition du motif jusqu'à l'obsession ... ses films n'ont de cesse de dépeindre la malédiction qui entoure cet illusionniste traqué et toujours occupé à repousser les démons qui l'assaillent et l'observent, vautours ; Brazil, Times Bandits, The Adventures of Baron Munchausen, The Fisher King, Las Vegas Parano ou Brothers Grimm ... chacun à leur manière témoigne de cette course-poursuite incessante entre leur auteur et une certaine réalité, un système, souvent cruels avec lui. On se rappellera aussi du projet avorté et tellement symptomatique, The Man Who Killed Don Quichotte ainsi que de son saisissant témoignage Lost in la Mancha.
Ainsi, The Imaginarium of Doctor Parnassus se regarde comme la suite de ce feuilleton qui tourne de plus en plus au tragique, une suite fauchée, vacillante et un peu fânée, mais surtout, poursuivie plus que jamais par la poisse (voir l'épisode tragique de la mort de Heath Ledger) ... le film n'est pas très bien écrit, patchwork décousu, trop rafistolé pour être digeste ... symbole, les scénettes en images de synthèse avec les trois acteurs remplaçant Ledger, qui sont d'une laideur peu commune, bâclées tant dans leur écriture que dans le travail des textures ... il y a quelque chose de pathétique et profondément touchant à voir ce maître des collages et des effets old-school se noyer dans un flot numérique ... c'est dans ce naufrage que réside la grandeur relative du film ... et dans cette scène finale où le vieux Parnassus recrée finalement un humble théâtre miniature en papier.
Wes Anderson entretient le même rapport intime avec ses films ... la répétition d'un motif personnel, encore et toujours.
La même certitude aussi, que dans cet environnement hostile qu'est le système cinématographique, la fuite est une nécessité.
Là où le vieux docteur Gilliam fuit sur des échasses trop grandes et à l'équilibre précaire, ou sur une carriole vacillante et encombrée de toute une vie, le rusé renard Anderson creuse vite pour échapper aux mêmes démons.
Avec finesse, il dérobe ce dont il a besoin, piochant ici et là de quoi construire son œuvre ... chez lui, il y a toujours ce sentiment confortable de déjà-vu, là où chez d'autres la manœuvre de recyclage tourne souvent putassassière.
Il y a surtout cette même angoisse vis-à-vis de la technologie, celle qui de par les contraintes qu'elle entraîne, s'oppose trop brutalement à leurs aspirations à un cinéma désuet et mélancolique, un cinéma d'essence théâtrale dans lequel on distingue encore de réconfortants rouages.
Dans la continuité de Brazil ou Times Bandits, Gilliam continue de prêcher contre une technologie, monstre tentaculaire qui dévore l'âme, ou au moins donne à celui qui la possède une suffisance injustifiée, comme les frères Grimm qui méprisent les paysans qu'ils enfument avec leur instruments de pacotilles.
De manière plus légère, Wes Anderson se contente de moquer gentiment ses adeptes avec notamment le personnage d'Alistair Hennessey (Jeff Goldblum) dans The Life Aquatic with Steve Zissou ou la débauche stérile de moyens déployés par les fermiers pour capturer Mr. Fox., ravageant la nature sans aucune vergogne.
On distingue à travers cette méfiance, une angoisse véritable de voir la technologie et son cortège d'exigences s'immiscer dans un processus créatif artisanal.
Puissent-t-ils tous les deux courir encore longtemps.
Puissent-t-ils tous les deux courir encore longtemps.